Apport du CES à la filière solaire en Algérie

Consolidation de la filière industrielle autour du panneau PV

Grâce à une action soutenue, des résultats ont été obtenus. Citons :

  • Au niveau des droits de douane et de la TVA, le législateur a séparé l’assemblage d’un panneau photovoltaïque d’un panneau PV importé fini. En rendant le module photovoltaïque éligible au dispositif CKD[1], un différentiel au niveau du coût de production est créé rendant le prix du module photovoltaïque assemblé en Algérie compétitif par rapport au même produit importé ;
  • Le recours systématique à l’utilisation des produits et services disponibles en Algérie, en appliquant la politique du « local content ». C’est ainsi que le programme de la CREG (Commission de Régulation de l’Electricité et du Gaz) portant sur 150 MWc fait obligation aux opérateurs nationaux d’utiliser des panneaux PV, des structures et des câbles produits en Algérie, ainsi que les services EPC et O&M. Cette même disposition est retrouvée, affichant la même ambition dans le programme de SKTM (Shariket Kahraba wa Taket Moutadjadida) pour 50 MWc ;

Les appels d’offre lancés en 2018 et 2019 ont vu la participation des membres du CES comme EPC (Ingénierie, Approvisionnement et Réalisation), IPP (Producteur Indépendant d’énergie), fournisseurs de produits (modules PV, structures en acier galvanisé, câblerie, etc.) et fournisseurs de service (ingénierie, supervision, installation).

CKD (Completely Knocked Down). Article 37 de la Loi de Finances pour 2019

D’autres actions viennent renforcer l’action du CES, à l’exemple du laboratoire de test des modules PV initié par le CDER (Centre de Développement des Energies Renouvelables) en vue de certifier tous les modules PV (produits localement ou importés) selon les normes CEI 61215 et CEI 61730. Cette certification combinée à la révision du Règlement Technique du Panneau PV relatif au module photovoltaïque (PV) au silicium cristallin pour application terrestre va permettre d’imposer des produits de qualité au bénéfice du consommateur.

Renforcement des compétences des installateurs en solaire PV

Les premiers résultats de l’appel d’offres des entités dépendantes du MICLAT (Ministère de l’Intérieur, des Collectivités Locales et de l’Aménagement du Territoire) ont fait ressortir des défaillances qui peuvent être considérées comme majeures imputées à un cahier des charges dont les spécifications techniques sont totalement absentes mais aussi au manque de compétence de la majorité des installateurs. Ceci a amené des corrections au niveau des spécifications techniques du cahier des charges (assurée par GIZ pour le compte du MICLAT) et à la proposition par CES de la mise en place d’un mécanisme de certification des installateurs à travers un schéma similaire à celui-ci :

Ce schéma devrait être décliné pour chaque intervenant (le recours aux bureaux d’études est une nécessité pour faciliter et normaliser les interventions des installateurs) selon le mode de raccordement en fonction de la puissance à installer et pour les différents secteurs utilisateurs.

Ce mécanisme devrait faire l’objet d’une approbation par les différentes parties prenantes (ministères, organisme d’accréditation, organismes de formation, etc.) au côté du CES afin de devenir obligatoire et de mettre comme critère d’éligibilité dans les différents appels d’offres.

Sensibilisation des autorités pour donner de la visibilité aux acteurs du marché

Le programme des énergies renouvelables pêche par un manque de visibilité pour toutes les parties prenantes (développeurs, industriels, financiers, centres de R&D, éducation et universités, etc.) en l’absence d’un plan d’actions étalé sur 3 à 5 ans.

Cela a eu pour effet d’avoir un faible taux de réalisation et des actions sporadiques et non continues. Les chiffres du tableau ci-dessous renseignent sur les écarts entre les objectifs affichés et les résultats obtenus. Depuis 2011.

On peut encore le constater dans le plan d’action du gouvernement dévoilé en février 2020 qui table sur 15.000 MW en 2035 à la charge du Ministère de l’Energie (ME) et de 1.000 MW à la charge du Ministère de l’Environnement et des Energies Renouvelables (MEER). Pour la période 2020-2024, il est prévu d’installer 4.500 MW dont 4.000 MW à la charge du ME.

La situation s’est encore compliquée avec le démembrement du programme entre deux départements ministériels en charge des EnRs connectés aux réseaux électriques (ministère de l’énergie) et des EnRs hors réseau (ministère de l’environnement et des énergies renouvelables).

Le CES s’emploie à sensibiliser les différents décideurs pour qu’ils donnent de la visibilité à toutes les parties prenantes (investisseurs, industriels, centres de recherche, universités, centres de formation, financiers, juristes, etc.) et présentent un plan de déploiement échelonné sur au moins 3 à 5 ans pour rassurer ceux qui ont déjà investi dans le domaine, ceux qui veulent investir, préparer la ressource humaine, etc.